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Réussir à concilier conserva/on et usage cons/tue également un enjeu pour les collec/vités

Le musée Courbet illustre les défis auxquels les collec#vités territoriales peuvent être confrontées afin
de concilier usage et conserva#on d’un monument historique.

En 2011, le département du Doubs a engagé une première phase de modernisa#on du musée Courbet,
site important au sein du Pays de Courbet, Pays d’ar ste. Lors de la phase préparatoire des travaux,
une interven#on sur les menuiseries du musée n’a pu être réalisée, compte tenu de la valeur
patrimoniale de ces dernières. Dès 2013, soit deux ans après la réouverture77 du musée, un diagnos#c
thermique a mis en évidence le sous dimensionnement de certains équipements clima#ques : les
condi#ons d’ambiances et d’hygrométrie78, élevées et instables, se sont révélées préjudiciables à la
bonne conserva#on des œuvres.

Des améliora#ons ont été faites en 2013 mais se sont avérées insuffisantes compte tenu de la
persistance du ruissellement sur les vitres. Selon les données figurant au projet scien#fique et
technique de 2020, ce « constat correspond à un dimensionnement trop juste de certains équipements
(à tre d’exemple des groupes de produc on de froid fonc onnait à 100 % de leur puissance lors des
fortes chaleurs), à l’insuffisance des équipements de déshumidifica on et l’impossibilité de garan r une
stabilité clima que en fonc on des condi ons extérieures et d’occupa on par le public ». Dans le cadre
des partenariats en vue de l’accueil d’œuvres, des mesures de sécurisa#on étaient nécessaires et ont
conduit à l’adop#on de solu#ons communes par les services de la Drac et par le département.

Pour autant, lorsque ces contraintes sont dépassées, les monuments historiques répondent à un usage
de la popula#on et du territoire sans nouvelle ar#ficialisa#on des sols, et cons#tuent également une
voie de ressources financières pour les collec#vités. À Luxeuil-les-Bains, à l’excep#on de l’hôtel Breton-
d’Amblans, tous les monuments historiques, dont la commune est propriétaire, sont exploités
(musées, bibliothèques, loca#ons commerciales, lieux de culte, services municipaux…). Plusieurs des
monuments historiques ont un usage public ou commercial, qui lui génère des rece<es, qui contribuent
à leur entre#en. Sur l’ensemble de la période de 2018 à 2023, ces rece<es de fonc#onnement
(abonnement, bille<erie, loyers…) ont rapporté plus de 340 000 € à la commune79.

            Un défaut d’usage, la cession est une voie possible pour assurer la conserva/on
                                  et l’exploita/on d’un monument historique

 Faute d’usage pour la collec#vité ou en raison du coût d’entre#en d’un monument dont la
 conserva#on doit être assurée même sans exploita#on, la cession d’un monument est une solu#on
 choisie par des collec#vités de l’échan#llon, comme la région Bourgogne-Franche-Comté s’agissant
 du domaine de Pon#gny (Yonne). À Autun, certaines cessions revêtent des enjeux de réhabilita#on
 et de sauvetage du patrimoine, à l’exemple de l’Hôtel de Clugny ou de la Tour Marchaux. Inscrits aux
 monuments historiques, la commune n’avait pas de projet par#culier dans ces lieux et ne pouvait
 porter leur réhabilita#on financièrement. Ces cessions ont été réalisées à la suite de la présenta#on
 par les différents acquéreurs de leur projet, afin qu’il corresponde aux enjeux de requalifica#on du
 quar#er. À Luxeuil-les-Bains, l’hôtel Breton-d’Amblans a été laissé à l’abandon par ses propriétaires
 privés depuis plusieurs décennies. La commune l’a acquis en 2020, pour environ 100 000 €. Dès
 l’année suivante, en 2021, la commune a trouvé un porteur de projet privé prêt à racheter
 l’ensemble immobilier au prix de 75 000 € pour y réaliser des locaux professionnels pouvant
 accueillir des professions libérales (cabinet comptable, etc.).

 Face aux enjeux de conserva on et aux contraintes pesant sur les finances publiques, ces démarches
 cons tuent une alterna ve conciliant conserva on, percep on de receSes et levier de
 développement pour le territoire.

77 Des travaux de restauration ont été conduits entre 2008 et 2011.
78 L’hygrométrie est la caractéristique de l’air à transporter de la vapeur d’eau, elle permet la mesure du degré d’humidité
dans l’air.
79 Sur cette même période, les coûts d’entretien se sont élevés à 150 000 € et les dépenses d’investissement à 6,4 M€, dont
6,1 M€ pour la création d’un équipement de mise en valeur du site archéologique de l’ancienne église Saint-Martin (site de
l’Ecclésia), accompagnée du déménagement de l’office de tourisme dans un nouveau bâtiment.

Rapport théma que régional                                                                               52
Les collec vités territoriales face aux enjeux de leur patrimoine monumental en Bourgogne-Franche-Comté
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